La déprime quelques jours après l'opération

Publié le par valérie

Je souhaite vous faire partager un mail envoyé ce soir au fils de Paulette, une dame de 65 ans opérée il y a une semaine d'une intervention de Bentall. Tout s'est bien passé, remontée dans sa chambre 48h après l'opération, et là elle est déprimée, fatiguée, anémiée. Son fils est très inquiet de la voir si faible et si triste.

 

"Bonsoir Patrick,
Contente d'avoir de vos nouvelles ce soir.
Patrick, la période que vit votre maman est tout à fait normale en effet.
Son corps a vécu un tsunami, elle a mobilisé toutes ses forces morales et physiques pour surmonter cette épreuve, sans doute aussi pour ne pas vous inquiéter. Et là, elle craque. Elle se sent très fatiguée, elle ressent aussi des douleurs sans doute, dans le dos par exemple, ne peut pas encore se coucher sur le côté, cette douleur a diminué mais elle est là. Le choc opératoire est tout frais dans son corps et dans son cerveau.

Oui j'ai vécu cette période, en fait une dizaine de jours après l'opération. Dès que l'on remonte dans la chambre et que l'on n'est plus en  réa, on est à la limite de l'euphorie : quel bonheur de se sentir vivante, et puis les médicamentsla morphine nous troublent sans doute un peu aussi.
J'ai tout de suite fini tous mes plateaux repas, j'avais le sourire constamment, mm si je fatiguais vite: mm regarder la télé me fatiguait.

Je suis restée avec un pacemaker portable( reliée donc par des fils à ce pacemaker sur roulettes) pendant les jours suivant l'opération. Le chirurgien m'avait bien expliqué qu'il arrivait dans 20% des cas que l'on doive poser un pacemaker dans les 8 jours après l'opération, si les signaux électriques envoyés au coeur étaient trop faibles. Lorsque le chirurgien "adjoint" est venu dans ma chambre un dimanche matin, juste avant mon repas, qu'il m'a annoncé que j'allais devoir subir encore cette pose d'un pacemaker, je me suis effondrée, en pleurs !

Je répétais que je ne voulais pas qu'on touche encore à mon coeur ni à mon corps, que je ne voulais plus avoir mal, et je pleurais, je pleurais, je tremblais.

Je savais pourtant qu'il y avait ce risque de devoir poser un pacemaker, mais dans mon euphorie je l'avais complètement oublié !

Mon chirurgien est passé me voir, ainsi que mon cardiologue, ils m'ont bien expliqué que dans mon cas c'était indispensable, qu'il ne suffirait que d'une anesthésie locale.

En fait Patrick, comme je le disais au début de ce mail, les nerfs sont retombés, je prenais sur moi pour que ma famille me sente forte, je ne m'écoutais pas, je me disais (dès que l'on a parlé avec le cardiologue de la nécessité de l'opération) que de toute façon je n'avais pas le choix, que ça ne servait à rien de stresser, mon mari lui ne trouvait plus le sommeil. Alors que moi je mangeais toujours de bon appétit et je dormais comme un bébé, l'avant veille de l'opération !

Cette déprime passagère est normale Patrick, tout à fait normale! Je souhaite que vous rassuriez votre maman svp. Dites lui aussi qu'il va lui falloir être patiente pendant au moins les deux mois qui suivent, ne pas refuser de faire la sieste l'après midi, ne pas hésiter à dire "je suis fatiguée". L'opération est très bien réalisée c'est sûr, mais c'est aussi une opération très lourde il ne faut pas l'oublier.
Ce qui est trompeur c'est que l'on voit la personne debout qui semble aller bien, et on ne peut pas imaginer ce qui se passe à l'intérieur.

Je me suis sentie déprimée notamment lorsque je suis rentrée chez moi, que j'ai quitté le centre de rééducation. Là-bas j'étais entourée de gens opérés, on se comprenait parfaitement, on se sentais protégés. Le retour à la maison n'a pas été simple, j'avais l'impression que personne ne pouvait comprendre ce que je ressentais.

Patrick je dit souvent qu'il y a eu un "avant l'opération" et un "après l'opération": je suis persuadée que notre cerveau garde le souvenir qu'à un moment nous aurions pu "passer de l'autre côté" lorsque le coeur était désormais sous CEC, c'est-à-dire sous circulation extra corporelle, relié à une machine.

Aujourd'hui je suis en pleine forme, j'ai bonne mine, je peux faire du sport que je ne faisais pas avant, je suis allée en Chine cet été, marcher avec une température de plus de 35°, une chaleur humide : je respirais parfaitement bien, j'avais une pêche incroyable, je n'ai jamais été si forte ! Tout ça pour vous dire qu'il faut savoir être patient, rester toujours à l'écoute de son corps, le temps et "dame nature" feront le reste.


Lorsque votre maman sera rentrée chez elle, dites-lui qu'elle peut me téléphoner, je serai toujours disponible pour les opérés du coeur. Et je sais par expérience que j'arrive à faire passer mon enthousiasme lors d'une conversation téléphonique. Mon numéro est le .................., surtout qu'elle n'hésite pas, il est très important de parler avec des personnes qui ont vécu cette épreuve.

J'ai été longue, mais votre désarroi m'a touchée, je comprends tellement bien ce que vous exprimez !
Soyez fort Patrick, soyez fort pour aider votre maman, je suis persuadée qu'elle vivra bientôt des jours meilleurs,
je vous embrasse tous les deux, et sachez que vous ne m'embêtez jamais, alors si vous avez besoin, n'hésitez pas à me contacter.
Bonne soirée
Valérie"

Publié dans CONVALESCENCE

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
H
<br /> <br /> peur<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
K
<br /> <br /> bonjour je eme suis faite opérée mercedi matin ressortie de réa jeudi à &&h, il y a eu une urgence dans la nuit :(, j'ai émormément soufeert, j'ai encore mal heim, de plus que la porphine<br /> ne me fait rien à part de me faire vomir, finalement ca a été un bentall méca, reste plusq u'a attendre d'aller mieux, mais pour moi qui suis speed c'est loing!!!<br /> <br /> <br /> kate<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre